Mercredi 31 novembre 2022
Comité d'organisation : Cyrille GUIEU
On a longtemps pensé que l’accès aux véritables mathématiques était réservé à une élite intellectuelle douée d’un talent particulier souvent représenté par une “bosse des maths”. Le désamour d’une grande partie de la population et de certains professeurs des écoles pour les mathématiques est souvent justifié par cette vision élitiste: “les mathématiques c’est bien … pour les autres”. Il est pourtant possible d’enseigner des mathématiques véritables à l’ensemble d’une classe d’âge comme l’ont montré les premières expériences de didactique des mathématiques dans les années 80. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Loin d’avoir exploité ces premiers résultats, l’école française se distingue aujourd’hui mondialement par la discrimination sociale qui s’opère en matière de réussite des élèves en mathématiques. Il est inquiétant de constater que les élèves issus des catégories sociales les plus défavorisées réussissent de moins en moins bien en mathématiques. L’académie de Martinique n’échappe pas à cette triste réalité et on constate même des scores bien inférieurs aux moyennes nationales, y compris à niveau socio-économique comparable. Comment expliquer ces échecs ?
Les travaux de sociologie sur les inégalités scolaires dans leurs liens avec les inégalités sociales, notamment ceux menés au sein du réseau REcherches sur la Socialisation, l'Enseignement, les Inégalités et les Différenciations dans les Apprentissages, RESEIDA) suggèrent l’importance du rapport au savoir et au langage dans la construction des inégalités scolaires. Par ailleurs, des travaux plus récents en didactique des mathématiques mettent en évidence le rôle du langage dans l’apprentissage et l’enseignement des mathématiques, montrant les processus susceptibles d’avoir un effet au quotidien dans les classes de mathématiques sur la construction des inégalités d’apprentissages.
Aurélie Chesnais explore ce domaine de recherche depuis une vingtaine d’année. Elle partagera lors de cette conférence les découvertes et les nouvelles questions scientifiques qui se posent pour enseigner les mathématiques aujourd’hui et permettre à tous les élèves d’apprendre.